Découvrir la profession d’ergothérapeute : le témoignage de Lydie Couplet

Présentation métier ergothérapeute

Après nous être penchés sur les missions des sages-femmes et des infirmier·ères de pratique avancée, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir la profession d’ergothérapeute. Lydie Couplet, ergothérapeute libérale sur la commune de Flines-lez-Râches a répondu à nos questions.

En quoi consiste le métier d’ergothérapeute ?

L’ergothérapeute est un professionnel de santé qui exerce dans les champs sanitaire, médico-social et social. Nous sommes spécialistes du rapport entre l’activité (l’occupation) et la santé (source : Association Nationale Française des Ergothérapeutes) . Cela signifie que nous menons des actions pour :

  • prévenir et modifier les activités délétères pour la santé,
  • assurer l’accès des individus aux occupations qu’ils souhaitent ou doivent faire, et rendre possible leur accomplissement de façon sécurisée, autonome, indépendante et efficace.

Par exemple, nous pouvons intervenir si une blessure, une maladie, une déficience ou un autre problème limite les capacités d’une personne à effectuer ses soins personnels, à se déplacer, communiquer, se divertir, travailler, étudier… Bref à réaliser des tâches du quotidien.

Nous collaborons avec de nombreux professionnels (médecins, orthophonistes, psychomotriciens, neuropsychologues, travailleurs sociaux, acteurs de l’enseignement et de la formation, techniciens de l’habitat…). Cette collaboration est indispensable.

A qui s’adresse l’ergothérapie ?

L’ergothérapie s’adresse à toutes les personnes qui éprouvent des difficultés dans la réalisation de leurs activités, personnes en situation de handicap ou susceptibles de l’être.

Cela concerne les personnes de tous âges (enfants, adultes, personnes âgées) avec des problèmes d’ordre physique, sensoriel et/ou psychologique.

Quelles sont les missions d’un·e ergothérapeute ?

La profession est très diversifiée, mais de manière générale, nous sommes là pour trouver des solutions, faire disparaître les barrières et permettre aux personnes d’agir, de retrouver un rôle social et ainsi de mener une vie satisfaisante. L’ergothérapie permet aussi de prévenir un problème ou d’en réduire les effets.

L’ergothérapeute examine non seulement les effets physiques d’une lésion ou d’une maladie, mais il ou elle se penche également sur les facteurs psychosociaux et environnementaux qui influencent la capacité d’agir. Enfin, nous participons aux actions de promotion de la santé, de prévention ou d’enseignement concernant les populations à risque de perte d’autonomie.

Comment se traduisent-elles concrètement ?

Par exemple, nous pouvons faire des préconisations d’aménagements du domicile. Face à des pathologies limitant les capacités physiques, on va conseiller de retirer les tapis, d’opter pour des chaises avec accoudoirs par exemple. L’aménagement de la salle de bain sera particulièrement important, avec le remplacement de la baignoire par une douche avec barre d’appui quand c’est possible.

Avec les enfants, je fais de la rééducation pour automatiser les gestes du quotidien, face par exemple à des difficultés pour s’habiller/mettre ses boutons, faire ses lacets… Quand la rééducation n’est plus possible, on cherche des adaptations : avec des lacets élastiques, des aides techniques facilitant l’enfilage des boutons, des plannings visuels pour détailler une tâche en particulier.

De la même façon je fais de la rééducation à l’écriture par le biais de jeux, d’exercices de motricité fine, par un travail postural. Et quand la rééducation à l’écriture est impossible, on réadapte via l’apprentissage de l’utilisation de l’ordinateur pour la classe.

Comment faire appel à un·e ergothérapeute ?

L’ergothérapie, dans tous les cas, est soumise à prescription médicale, bien qu’elle ne soit pas remboursée par la sécurité sociale en libéral (elle l’est en revanche dans les structures).

Selon la structure, la demande est effectuée par le médecin traitant du patient (pour les centres de rééducation), ou par la structure elle-même (avec soumission de la demande au médecin de la structure, par exemple pour les EHPAD, SESSAD, SAMSAH…).

Comment se déroule une prise en charge d’ergothérapie ?

Toutes les prises en charge débutent par un bilan (selon la pathologie : fonctionnel, autonomie, cognitif…), afin de cibler des objectifs et de déterminer les moyens que nous allons déployer pour les atteindre.

Ensuite, tout dépend de la situation. L’organisation et la durée des séances peuvent varier selon la personne, la demande, les objectifs, le type de prise en charge (en libéral ou en établissement), ou encore le financement. Dans tous les cas, l’ergothérapeute s’adapte au patient, à la situation, à l’environnement pour ajuster au mieux la prise en charge et atteindre les objectifs fixés.

Une visite du domicile peut être organisée afin de formuler des préconisations d’aides et éventuellement de travaux à réaliser.

En structures, en EHPAD par exemple, la prise en charge en groupes est régulièrement favorisée (groupes cuisine, mémoire, prévention des chutes…).

Faites-vous face à certaines problématiques dans votre exercice ?

Oui en effet. Tout d’abord notre profession est peu connue, que ce soit par le grand public, ou par les professionnels de santé et les médecins, bien que prescripteurs.

Un autre point à souligner est que même si l’ergothérapie est reconnue profession paramédicale, nous ne sommes pas conventionnés par la sécurité sociale. Les consultations en libéral ne sont donc pas remboursées, bien que soumises à prescriptions médicales. Cela empêche l’accès à nos soins, pourtant indispensables, à de nombreuses personnes. Des aides peuvent être accordées par la MDPH, en revanche les mutuelles remboursent très peu l’ergothérapie.

Enfin, en libéral, nos patients sont pour beaucoup des enfants. Nous sommes donc régulièrement amenés à travailler avec les enseignants, et trop peu d’entre eux sont formés au handicap, qu’il soit moteur ou cognitif. Avancer sur ce point permettrait une collaboration plus aisée, et serait un vrai atout dans le parcours de ces enfants.

Nos autres articles :