Découvrir le métier d’orthophoniste : rencontre avec Lucile d’Hénin et Anaïs Pelissier

Orthophoniste

Après les métiers d’ergothérapeute, d’infirmier·ère de pratique avancée ou encore de sage-femme, nous vous proposons de découvrir une nouvelle profession de santé : l’orthophoniste ! Nous avons échangé avec Lucile d’Hénin, orthophoniste à Landas et membre du Bureau de la CPTS, ainsi qu’avec Anaïs Pelissier, en 4e année d’études d’orthophonie à Lille, en stage à ses côtés.

Comment définiriez-vous brièvement le métier d’orthophoniste ?

Lucile d’Hénin : L’orthophoniste est un·e thérapeute spécialisé·e dans la communication au sens large.

Anaïs Pelissier : L’orthophoniste évalue et prend en charge les troubles de la communication, du langage, de la parole, de la voix, de la cognition mathématique et des fonctions oro-myo-faciales. C’est un métier divers et passionnant, on ne s’ennuie jamais !

L’orthophoniste peut intervenir en libéral, à l’hôpital, en EHPAD, en structure médico-sociale et à domicile.

Quand je pense au métier d’orthophoniste, je l’associe plutôt au développement du langage chez les enfants. Mais en réalité, vos missions sont beaucoup plus larges et variées n’est-ce pas ? Vous accompagnez aussi des adultes, des personnes âgées ?

AP : En effet ! Certaines de nos missions sont encore très peu connues du grand public, mais aussi des autres professionnels de santé et je trouve que c’est dommage. Le champ de compétences de l’orthophoniste s’étend de la naissance à la personne âgée ! Dès la naissance et même en néonatologie nous pouvons intervenir pour proposer des stimulations orales, avec un accompagnement parental très important. De l’enfance à l’adolescence nous travaillons sur le langage oral et écrit, la cognition mathématique, les troubles de l’oralité et l’alimentation, les problématiques liées à la voix et/ou au bégaiement, et soutenons le développement du langage dans la surdité, mission dont on parle moins.

A l’âge adulte et avec les personnes âgées, nous pouvons bien sûr poursuivre ce travail s’il y a surdité, troubles de la voix et intervenir dans le cadre de certains troubles et pathologies.

LD : En effet, la communication concerne tous les âges de la vie. Et comme l’indique Anaïs, certaines pathologies entraînent des troubles du langage pour lesquels nous pouvons intervenir (troubles cognitifs, troubles de la déglutition…). Par exemple, nous travaillons auprès des personnes atteintes de maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, SEP, etc). Une prise en charge en orthophonie est aussi préconisée dans le cadre des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Le panel d’intervention est très large.

AP : J’ajouterai aussi que nous pouvons intervenir sur toutes ces problématiques dans un contexte de handicap (trisomie 21, autisme, ou tout autre syndrome).

Nous pouvons mener des actions de prévention, et travaillons beaucoup en partenariat parental, c’est très important pour faire avancer les prises en charge. C’est un point dont on nous parle beaucoup dans nos études et qui se développe beaucoup plus qu’avant dans les pratiques.

Y a-t-il des orthophonistes spécialisé·es dans tel ou tel type de prise en charge ?

LD : Les orthophonistes sortant de l’université (5 ans d’études en France) sont formé·es pour toutes les pathologies. Par la suite, c’est vrai que certain·es font des formations supplémentaires en fonction des besoins.

AP : En effet en sortie d’école nous devons être capables de tout prendre en charge. Mais au cours de notre carrière on continue de se former. Par nos choix de formations, on peut se spécialiser dans certains domaines.

Qu’est-ce qui vous a attirées vers ce métier ?

LD : Le contact humain. Le fait que nous puissions proposer à chaque patient une rééducation adaptée, individualisée. La diversité aussi, car l’orthophoniste peut intervenir dans des milieux variés (cabinet, EHPAD, aux domiciles des patients, école).

AP : La diversité des domaines de prise en charge et donc la diversité des patients rencontrés. La régularité des séances permet aussi de créer un vrai lien avec les patients. C’est un métier de soin dans lequel je me sens utile. J’aime pouvoir aider, accompagner les personnes et les familles dans des moments où ils en ont besoin.

Anaïs, as-tu eu d’autres expériences de stage avant celle-ci ? Constates-tu des différences ?

AP : Oui j’ai commencé les stages en orthophonie à partir de la 3e année d’études (j’aurais dû commencer en fin de 2e année mais je n’ai pas pu, COVID oblige). J’ai fait plusieurs stages en libéral mais avec des pathologies toujours très variées : des enfants à partir de 3 ans environ jusqu’à la personne âgée (avec des prises en charge à domicile). Et j’ai aussi fait un stage en structure.

J’ai constaté beaucoup de différences en fonction du territoire dans lequel se trouve le cabinet/la structure : plus ou moins de précarité donc pas les mêmes demandes, pas les mêmes façons de prendre en charge… et aussi des différences selon les orthophonistes qui m’encadraient. C’est un métier avant tout basé sur les relations humaines, la prise en charge dépend beaucoup de qui tu es en tant que personne et donc qui tu deviens en tant que professionnel.

Côté patient, si on a un doute, qu’on envisage de consulter un ou une orthophoniste pour son enfant, son parent âgé, soi-même, concrètement que doit-on faire ? Devons nous passer par notre médecin traitant en premier lieu ?

LD : Oui, c’est le médecin qui prescrit une ordonnance pour la réalisation du bilan orthophonique. Celui-ci est pris en charge par la sécurité sociale et la mutuelle.

Puis, en fonction des résultats du bilan, l’orthophoniste préconise un nombre de séances qui peut être renouvelé, si besoin.

Lucile, toi qui exerces en maison de santé et en CPTS, qu’est-ce que t’apporte le travail en équipe dans ton métier ?

LD : Je fais en effet partie d’une maison de santé qui regroupe des médecins, infirmières, kinés, etc et bien sûr de la CPTS. Les réunions pluriprofessionnelles permettent d’échanger sur les cas complexes, sur des projets de santé. Le métier d’orthophoniste c’est aussi la possibilité de découvrir le travail des autres soignants et de se sentir au cœur du parcours de santé du patient.

Un dernier mot ?

AP : J’ajoute un petit point formation pour les personnes qui voudraient se lancer dans le métier. Comme je suis en plein dedans, je trouve cela important ! Actuellement, l’entrée en école d’orthophonie se fait via la plateforme en ligne Parcours Sup ainsi que par entretien oral. Pour la région lilloise, la formation se déroule à la faculté de médecine de Loos et dure 5 ans. A l’issue de la formation, on obtient un « certificat de capacité d’orthophoniste ». Avec le grade master, on peut aussi choisir de poursuivre nos études et de faire une thèse.

Merci encore à Anaïs et Lucile pour leurs témoignages !

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